mardi 17 janvier 2012

19. Vu dans l’eau : tentative d’assèchement de la flaque


dE la... Du...

de la difficulté de la flaque
Comme s’il suffisait de dire ciel et flache...
Encore faut-il que l’un se fonde à l’autre. Et sans la pénétrer. Sans mélange.

de la nature des mots et des mots naturels
Naturels pour dire qu’ils collent aux choses au point de se faire oublier ? Pour sembler naturels les mots seront assimilés après un long et lent parcours dans les lobes, les pôles, les circonvolutions, ils auront frotté et frotté les joues, le palais, tourné sept fois et davantage avec la langue, mêlés à la salive, aux papilles, au flasque et à l’humide. Les mots ne collent pas tant aux choses par eux désignées qu’à cette bouche qui les produit, ces lèvres qui les postillonnent, la chair qui les prodigue, l’instant dans lequel ils s’inscrivent et dont ils participent, un geste un son dans l’occasion, l’expression du corps dans la circonstance.

Le ciel est l’exacte expression de la flaque.


du néoplatonicien dans la flaque
Étant fille de Nimbus(νέφος)et de Lacuna (λάκκος), la Flaque en a reçu certains caractères en partage. D'abord, elle est toujours fluide, et, loin d'être lourde et molle comme on se l'imagine généralement, elle est mouvante, légère, sans véritable fond, sans domicile, sans avoir jamais d'autre lit que la terre, sans couverture, elle dort en plein air, près des portes et dans les rues ; elle tient de sa mère, et la glèbe est son éternelle compagne. D'un autre côté, suivant le naturel de son père, elle est toujours à la piste de ce qui est souple et aérien ; elle est superficielle et profonde, grave et inconsistante, voire inconséquente, la même et toujours nouvelle, comme le ciel dont elle vient pour moitié, aimant la science, pleine de ressources et toujours en état de manque, passant sa vie à philosopher, habile sorcière, magicienne et sophiste. Elle n'est par nature ni immortelle ni mortelle ; mais, dans la même journée, tantôt elle est florissante et pleine de vie, tant qu'elle est dans l'abondance ; tantôt elle s’assèche et meurt, puis renaît, grâce au naturel qu'elle tient de son père, toujours partant pour une nouvelle vie dans le dépouillement, enclin à promptement se condenser. Ce qu'elle acquiert lui échappe sans cesse, de sorte qu'elle n'est jamais ni dans l'indigence ni dans l'opulence.


de la méthode et du discours
Condensation et vapeur d'eau, averse, affaissement des sols... des phénomènes antédiluviens : la flaque n'est pas née de la dernière pluie.

Si elle a certes une histoire, ne pas dire pour autant la flaque du seul point de vue historique. Le synoptique, l’analogique, l’étymologique, l'anecdotique et tant d’autres encore ont toute leur place. Si en parler requiert rigueur, exige méthode, rien ne doit être exclu, ni le mouvement, ni l’invariant. 
La représentation de la flaque à la fois vient de loin et ne doit pas qu'au ciel et à la terre, aux phénomènes, aux météorologues ou au seul passé. Entre mille influences, ne pas négliger celle qu'on appellera la mélancolie du sujet.


du romantisme de la flaque (voisinage)
Flaque, ô ciel éploré !

du sens et du son de la flaque

Pour la juger flasque, sans doute y en eut-il de plus forts que d’autres et pour la nommer, plus forts ou qui parlaient plus fort, flasque ou s'agissait-il de rendre plus ou moins le bruit de l’eau et mettre en garde le prochain : [flak] ! autrement dit Gare à l’eau dans le creux du chemin !

Routine et paresse, si le mot pour la dire s’est figé la flaque n'en finit pas de changer. En hiver elle gèle ? on lui donne encore et toujours de la flaque alors que franchement, [kRak] ou [glis] lui iraient quand même mieux -plus justes, non ?


2 commentaires:

  1. Pleinement d'accord avec votre dernière interrogation ! [glis] sonne plus juste à l'oreille ! (C'est donc là que je vous avais devancée !)

    Par vos mots, vous embellissez la flaque, elle vous en sera éternellement reconnaissante. (Je parle le langage de la flaque et elle m'a parlé élogieusement de votre entreprise salutaire !)

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