dimanche 27 novembre 2011

5. Vu dans l’eau : tentative d’assèchement de la flaque

la source et la flaque (2)
(eau vive versus aquæ mortuœ)

...sourd et court ne s’attache à ni lieu court ni temps aller voir ailleurs rien court et toujours là rendez-vous ici rendez-vous là-bas court noyade et ciel et pluie et puis s’infiltre et...

La source en mal de mer fuit vers son destin.

Source ou le sens de la perdition.
Source et liberté de circulation.

Travail sur soi, pureté encore,
courir après soi redoubler d'efforts : la source ou s’évertuer à devenir.

Infiltration, filtrage et chargement, circulation... autant de ruses pour déjouer les lois de la gravité.  
 

Infiltration, filtrage et chargement, circulation -excès d’activité de la source joueuse d’un côté, décantation passive de l’autre, apathie d'une flaque stupide, une flaque frappée de stupeur. 

... ... ... ...              ... ... ...               ... ...              ... 

flaque
trouble 
insignifiance 
stagnation
creux sans profondeur
immobilité (nulle part où aller,
aucun sens à prendre pour aucun ailleurs à l'horizontale ou en profondeur, reste la surface, reste le ciel)
à quoi bon s'agiter ? 
flaque sans importance, aimée des enfants, des cochons, du soleil
 
Eau trouble au creux d'un fond vaseux, la flaque est peu de chose.
(Est-elle seulement une
chose ? y revenir ; se demander aussi si ce qui la distingue réellement de la source n’est pas finalement le reflet.)
 
décamper pas question, décante et prend son temps, assimile lentement et sans perdre courage vingt fois sur le métier remet l'ouvrage, s'abandonne aux vents aglagla au froid ne se dérobe pas, soleil de plomb ou langue de bois ne se fait pas la belle, informe, amorphe, ne fait pas la belle, se laisse aller c'est une flache  

un jour lisse un jour ridée un jour trouble un jour sereine un jour agitée toujours soumise à ses états se laisse aller c'est une valse-hésitation

... ... ... ...              ... ... ...               ... ...              ... 

multiplie les ruses les effets, décontraction guindée, désinvolture trop affichée, corps à corps de tous les instants avec la gravité la pesanteur contre lesquelles elle ne peut rien
la source tend à
tend vers
tendue la source est raide 

Infiltration, filtrage et chargement, circulation... autant de trucs pour tenter l'impossible, échapper à la pesanteur. 


Travail sur soi, pureté toujours pureté encore, redoubler d'efforts, courir après soi : la source ou s’évertuer à devenir ce qu'on n'est pas

... ... ... ...              ... ... ...               ... ...              ... 
  
[ci-gît]
lâche
la flaque achoppe au même cul-de-sac la même
flache
être en bas l'admettre et même mieux : vouloir
y rester
accepter sa lie s'accepter salie
reposer
 
                          se méfier de l'eau qui dort

 
... ... ... ...              ... ... ...               ... ...              ... 


Toute eau file insaisissable entre les doigts laissant dans le souvenir sur le papier ou sur l'écran des taches informes.

Du ciel à la terre de la terre au ciel l’eau ne fait que passer et donc repasser ne fait qu'aller venir et donc revenir dans le même éternel mouvement : cela revient au même.

Source ou flaque, plus que deux choses, deux manières de revenir au même.
 
Il y a une esthétique de la source et une esthétique de la flaque.

Le plus souvent séduit par la saillie, le flamboyant, l'écriture qui jaillit et puis coule ; l'autre, brouillée, perplexe et qui ressasse, ressasse, lourde n’avance pas, l'autre non. 

Et pourtant.
Concrète, pas virtuose pour un sou la flaque ne craint pas le trouble, encore moins l'opprobre ; et si stupidement elle stagne, elle sait aussi s’évaporer, s'effacer où la source insiste, s'incruste, s’éternise dans sa course vaine.

Cette obsession d'une légèreté d'une transparence visibles -que la source n'est pas seule à travailler-, ce besoin d’être là sans en avoir l'air et qu'on le remarque, graphomane en définitive besogneux. 

... ... ... ...              ... ... ...               ... ...              ... 


Source ou flaque 
ce n'est que de l’eau camarade 
inconsistance et pesanteur 
ce n'est que deux mots
qu'on agite et la boue


toute écriture est de la cochonnerie

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