vendredi 27 janvier 2012

21. Vu dans l’eau : tentative d’assèchement de la flaque



 pourQuoi oN n’ApPellE Pas [glis] La fLaQuE en hiver (2)




VOLUME 0

Photo L. Gérin



VOLUME 1

1. nommer la flaque suivant la manière de glisser dessus ?
et les adjectifs alors ? les compléments et les adverbes, ça sert à quoi ?

2. à rien ou presque : la flaque on la qualifie peu, à peine un complément de-ci de-là pour dire -huile ou eau- de quelle trempe elle est ; question adverbes, que tchi.

3. la preuve par quatre :

Des ombres vont, glissant parmi les flaques d'eau. 
Spleen, Jules Laforgue

Près d'une ornière, au bord d'une flaque de pluie, 
Un crapaud regardait le ciel, bête éblouie ... 
La Légende des siècles -Le crapaud, Victor Hugo

J'ai trouvé Dieu dans les flaques d'eau [...] 
Ressusciter, Christian Bobin 

[...] les perturbations se propagent comme des ronds dans une flaque où l'on a jeté une pierre. 
À l'est d'Éden, John Steinbeck


4. nommer la flaque ? un double mouvement contradictoire un peu : a. la distinguer pour b. constater qu’elle n’a d’existence que dans le contexte dont on l’a tirée.




VOLUME 2








dimanche 22 janvier 2012

20. Vu dans l’eau : tentative d’assèchement de la flaque



pourQuoi oN n’ApPellE Pas [glis] La fLaQuE en hiver (1)

D’accord. Disons qu’on appelle [glis] la flaque en hiver et n’en parlons plus. Après tout on donne bien des noms aux saisons, aux moments du jour, aux individus en fonction de leur âge, après tout Monet nomme avec son langage la cathédrale de Rouen au soleil du matin, en plein soleil, sous l’effet du soir...

N’en parlons plus ? À quoi bon nommer si c’est pour se taire. Ou ce serait pour taire ceci : si sur la flaque hivernale [glis] certes on glisse, on glisse ici comme ça, là comme ci, ailleurs encore ni comme ci ni comme ça.
 
Alors quoi ? La nommer suivant la manière qu’on aurait de glisser dessus ? Après tout on donne bien des noms aux individus en fonction de leur taille, leur démarche ou leur corpulence, après tout Monet nomme avec son langage la femme tournée à gauche, à droite, le portail de face...



Oui mais voilà. Dans les glissades la flaque joue-t-elle un rôle actif qui justifie un nom ad hoc pour chacune d’elles ? Est-ce la flaque qui glisse ou bien glisse-t-on sur elle ?  
Le portail de Monet ne s'intitule-t-il pas en réalité Le portail vu de face (soit perçu par le sujet).

Toute glissade est singulière. Pour chaque individu à chaque instant. Légère, brève, lente et longue, disgracieuse ou acrobatique, qui s'achève sur le cul ou par un redressement, chute et rétablissement qu'on pourra décliner à l'envi.
Enfin ceci : la glissade sur une flaque gelée est elle inévitable ou seulement possible. 



(Retour sur cette phrase :
Est-ce la flaque qui glisse ou bien glisse-t-ON sur elle ? 

1. Spontanément ON est reconnu comme sujet, la flaque non, évidemment non est-on tenté de dire ; évidemment ? si ça glisse s'emploie couramment pour signaler un terrain glissant, pourquoi la flaque ne glisserait-elle pas ?
2. ON peut tout autant être un caillou, un objet quelconque, une feuille, un insecte, un vieillard... qui à la fois glisse et ne glisse pas, glisse sans vouloir glisser.
3. Plutôt que ON glisse pourquoi ne pas dire ON est glissé. Ce ON sujet actif n'est-il pas en réalité pris par le mouvement contre son gré, n'ayant précisément sur la glace et sur le glissement aucune prise -hormis ces cas où il s’agit d’un jeu ou de patinage.
4. La femme à l'ombrelle de Monet est, selon la formulation même du peintre, tournée vers la gauche ou vers la droite. Autrement dit celle qui est tournée vers la gauche ou vers la droite, et non celle qui se tourne vers la gauche ou vers la droite.
5. ON sujet actif ? objet passif ? c'est selon -quoi d'autre encore ?)

À condition bien sûr de s’en tenir à la seule glissade. Pourquoi ne pas la nommer aussi selon sa forme ou son reflet, sa couleur, son aspect au brouillard, sous la pluie, dans le vent, à tous les stades de son développement, de l’averse à l’assèchement pourquoi pas, la c’est évidemment elle, la flaque toujours.



Pourquoi ne pas la nommer suivant son humeur ?

Pourquoi ne la nommerait-on pas suivant qu'on est de bonne ou de mauvaise humeur ?
 
Et voilà.
On voulait faire parler la flaque, du moins être à l'écoute du nom qu’elle suggérait, son propre nom. 

Et puis. 
De glissade en glissement, plus que tomber sur la flaque voilà qu’on retombe sur soi. 





un soi
tombé des nues patatras ! 
glissade
           chute en hiver
flac ! s'embourbe en été dans son ciel
de poix

mardi 17 janvier 2012

19. Vu dans l’eau : tentative d’assèchement de la flaque


dE la... Du...

de la difficulté de la flaque
Comme s’il suffisait de dire ciel et flache...
Encore faut-il que l’un se fonde à l’autre. Et sans la pénétrer. Sans mélange.

de la nature des mots et des mots naturels
Naturels pour dire qu’ils collent aux choses au point de se faire oublier ? Pour sembler naturels les mots seront assimilés après un long et lent parcours dans les lobes, les pôles, les circonvolutions, ils auront frotté et frotté les joues, le palais, tourné sept fois et davantage avec la langue, mêlés à la salive, aux papilles, au flasque et à l’humide. Les mots ne collent pas tant aux choses par eux désignées qu’à cette bouche qui les produit, ces lèvres qui les postillonnent, la chair qui les prodigue, l’instant dans lequel ils s’inscrivent et dont ils participent, un geste un son dans l’occasion, l’expression du corps dans la circonstance.

Le ciel est l’exacte expression de la flaque.


du néoplatonicien dans la flaque
Étant fille de Nimbus(νέφος)et de Lacuna (λάκκος), la Flaque en a reçu certains caractères en partage. D'abord, elle est toujours fluide, et, loin d'être lourde et molle comme on se l'imagine généralement, elle est mouvante, légère, sans véritable fond, sans domicile, sans avoir jamais d'autre lit que la terre, sans couverture, elle dort en plein air, près des portes et dans les rues ; elle tient de sa mère, et la glèbe est son éternelle compagne. D'un autre côté, suivant le naturel de son père, elle est toujours à la piste de ce qui est souple et aérien ; elle est superficielle et profonde, grave et inconsistante, voire inconséquente, la même et toujours nouvelle, comme le ciel dont elle vient pour moitié, aimant la science, pleine de ressources et toujours en état de manque, passant sa vie à philosopher, habile sorcière, magicienne et sophiste. Elle n'est par nature ni immortelle ni mortelle ; mais, dans la même journée, tantôt elle est florissante et pleine de vie, tant qu'elle est dans l'abondance ; tantôt elle s’assèche et meurt, puis renaît, grâce au naturel qu'elle tient de son père, toujours partant pour une nouvelle vie dans le dépouillement, enclin à promptement se condenser. Ce qu'elle acquiert lui échappe sans cesse, de sorte qu'elle n'est jamais ni dans l'indigence ni dans l'opulence.


de la méthode et du discours
Condensation et vapeur d'eau, averse, affaissement des sols... des phénomènes antédiluviens : la flaque n'est pas née de la dernière pluie.

Si elle a certes une histoire, ne pas dire pour autant la flaque du seul point de vue historique. Le synoptique, l’analogique, l’étymologique, l'anecdotique et tant d’autres encore ont toute leur place. Si en parler requiert rigueur, exige méthode, rien ne doit être exclu, ni le mouvement, ni l’invariant. 
La représentation de la flaque à la fois vient de loin et ne doit pas qu'au ciel et à la terre, aux phénomènes, aux météorologues ou au seul passé. Entre mille influences, ne pas négliger celle qu'on appellera la mélancolie du sujet.


du romantisme de la flaque (voisinage)
Flaque, ô ciel éploré !

du sens et du son de la flaque

Pour la juger flasque, sans doute y en eut-il de plus forts que d’autres et pour la nommer, plus forts ou qui parlaient plus fort, flasque ou s'agissait-il de rendre plus ou moins le bruit de l’eau et mettre en garde le prochain : [flak] ! autrement dit Gare à l’eau dans le creux du chemin !

Routine et paresse, si le mot pour la dire s’est figé la flaque n'en finit pas de changer. En hiver elle gèle ? on lui donne encore et toujours de la flaque alors que franchement, [kRak] ou [glis] lui iraient quand même mieux -plus justes, non ?


samedi 14 janvier 2012

18. Vu dans l’eau : tentative d’assèchement de la flaque

liEuX




1. on-dit non-dit lieu-dit
qui dit
mieux
gRaMmAire
le ciel est lieu des compléments
de liEu

lieu du soleil
de ses rayons
des comètes à la queue leu leu


lieu du bleu est le ciel
de la lune du nimbus du stratus du petit cirrus
du gros cumulus
des mouches et d’une flopée de drôles d’oiseaux

le ciel est lieu 
d’une tripotée de dieux
du Big Bang du bolide et même de la ceinture dite de Kuiper
lieu de ces regards étonnés
de l’orage au désespoir
de pas mal de rêves qui virent au cauchemar
de toutes les illusions des saints des bienheureux
du père du p'tit quinquin
du grand tintouin
de l’avenir du passé du moins bon du mieux
le ciel est le lieu du mystère 
et du doryphore qui bouffe sans remords les feuilles de pommes de terre


le ciel est le lieu de l’ailleurs
des astres et des planètes pas très nettes
le lieu des bras qui se lèvent tôt
du zénith du nadir de l’apogée du périgée
de la limite de Roche et

le ciel est le lieu du juste
des pardon châtiment non-lieu
du vide des bides des vapeurs d’éther
des aspirations de l’inspiration de l’expiration
lieu de tous les impossibles
tous les machins choses à la con

le ciel est le lieu des parfums entêtants
de la paix des braves
du Mars de la guerre
des espaces infinis dont le silence effraie
lieu du tourment maman
de l'improbable
du nordet du suroît du simoun
 de l’harmattan
et tant et tant
 

le ciel est lieu de la métaphysique du swing et de la grande zique
des tours des clochers
lieu de l’arc
des plein cintre en pagaille tout plein
de la flèche dans le mille en plein


le ciel est le lieu commun
des chimères
des rayons Gamma X UV
du grand méchant loup
des brumes des messes des promesses 
qui n'engrangent que nib
lieu du fumeux et c'est pas tout



le ciel est lieu des bulbes et des coupoles
des dômes à pans coupés
de l’espoir de la laisse et de la soumission
lieu du blanc
le ciel est par excellence le lieu noir

lieu de tous les contraires
contraintes
ondes hertziennes
lieu du Bélier du Poisson volant de la Baleine et
de Cassiopée
de la prière
lieu des prolégomènes et de la fin des haricots

lieu du Bâ toucouleur du Ra égyptien
du Très Haut chrétien
des haricots magiques
de ce qui les pieds casse
et qui plus est menace
de tomber sur la tête
de l’utopie la montgolfière le Tupolev
du souffle et du soufre et de l’Ascension
de l’Assomption
lieu de tous les lieux
des nuages qui flottent et de l’âme qui a mangé malade
trop de salade

le ciel est le lieu sans lieu
et pourtant
c’est un fait il a lieu

2. la flaque est le lieu du ciel


3. la flache ou le lieu sous-jacent à la flaque.

4. le langage est le lieu du lieu

5. miroir lieu du reflet

6. de pierre à l'origine- miroir lieu persistant du pétrifié





6. bis miroir lieu du reflet
lieu du refoulé

6.ter miroir lieu du miroir
 
7. gai savoir lieu du va savoir


mardi 10 janvier 2012

17. Vu dans l’eau : tentative d’assèchement de la flaque


A. rappel du billet précédent

pourquoi la figue ? rendez-vous au prochain numéro


B. prochain numéro (billet frais du jour)


reflets mouvants
2. consolant




vendredi 6 janvier 2012

16. Vu dans l’eau : tentative d’assèchement de la flaque


le STADE du mirOiR
 

la flaque eau et boue on a beau patauger dedans 
la matière c’est pratique élastique épatant  
MAIS
quid du ciel ?

on a beau on est bien obligé
d'en dire un mot 

le ciel (comme la flaque) a   un mot pour se dire (être dit)
                                   
a   son mot           à  dire 
a droit de cité 
               &  d'être cité
 

le ciel c’est un fait a lieu
ce lieu c’est la flaque 
retour à la surface il est temps 
de passer au stade suivant



 



reflets mouvants

1. hivernal en f
la flaque au froid fait rogue et se raidit
prend ses distances et perd 

son air  
pourquoi la figue ? rendez-vous au prochain numéro !
ramolli

la
flaque au froid fait rien qu'à se réduire
perd son f et prend 

la pose en 
dure à cuire

perd son f et s'en fiche 
se fige en laque lisse
en glace glissée
 
s’affiche en psyché









1.bis du vent
on dit pourtant
que l’eau prend ses aises en gelant

il n’y paraît pas sauf le ciel
ça pour les prendre il les prend
et le look autant

ce reflet froid guindé cassant
indifférent au vent
(qu’il soit relatif réel apparent
force
twelve et le bataclan)

lui hier encore sensible au courant d’air
qu’un souffle riquiqui froissait
toise ouragan tornade désormais
snobe typhon cyclone toutes espèces d'hurricanes
tempêtes tout poil toutes catégories

impuissantes à le défriser