notes chaOtiQues claS sées (C)
Des notes à la fois chaotiques et classées ?
L’ordre
et le désordre se définissent par opposition réciproque. Le chaos n’est
pas le désordre. Il ignore l’ordre et le désordre et les contient. Le
chaos est chaos. Chaos primordial, chaos en premier lieu -premier
dernier et unique lieu. À la fois tout et rien, éternel, indéfinissable
indicible et inconnaissable, venu de nulle part et sans fin.
Ces notes classées pourraient avoir ceci de chaotique que, complémentaires plus que contradictoires dans leur confusion, elles ne mènent à rien dont elles sont issues.
(voir billets précédents)
iNtErMède : mini poétique de la flaque
fragments A
fragments (1)
Ils sont comparables à ces petites
flaques d'eau qui sont déposées sur le chemin après l'averse, et que la
terre n'a pas bues. Chacune d'entre elles reflète tout le ciel, les
nuages qui se sont déchirés et qui passent, le soleil qui luit de
nouveau. Une grande mare, ou tout l'océan, n'auraient répété le ciel
qu'une fois.
Pascal Quignard
fragments (2)
Piet Mondrian considère ses toiles comme des fragments ayant une place précise dans le dispositif naturel.
fragments (3)
du fragment au Tout :
a) Mouvements brefs saccadés sur la flaque, ce bâtonnet aux quatre longues tiges segmentées appartiendra à la famille Gerridæ, infra-ordre Nepomorpha, sous-ordre Heteroptera, ordre Hemiptera, classe Insecta, embranchement Arthropoda, règne Animalia.
b) La flaque sera ce biotope constituant avec sa biocénose un écosystème temporaire lui-même partie de tel biome -écorégion- déterminé. du fragment au Tout :
a) Mouvements brefs saccadés sur la flaque, ce bâtonnet aux quatre longues tiges segmentées appartiendra à la famille Gerridæ, infra-ordre Nepomorpha, sous-ordre Heteroptera, ordre Hemiptera, classe Insecta, embranchement Arthropoda, règne Animalia.
- nuit sans lune
C'était la nuit opaque, - Dans la conque salie,
- La flaque
- Comme un vin dans sa lie
Ô flaque ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et dans tes eaux chéries qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul -personne ni rien derrière-,
le ver de vase et l'araignée d'eau
embourbé jusqu'au cou, l'un s'enorgueillissait
de sans cesse creuser, d'aller au fond des gloses ;
l'autre, empêtrée au bout de ces immenses choses
qui lui servaient de rames, l'autre se rengorgeait :
elle arpentait les cieux,
lui ne valait pas mieux
à ses yeux qu'un déchet, à croupir dans la vase
sans jamais voir le ciel, sans le moindre horizon ;
lui gambergeait, jugeait : des échasses à quoi bon
si c'est pour tourniquer sans fin dans le même vase,
collée à la surface à faire des ronds dans l'eau ;
ainsi jour après jour et du matin au soir
l'un l'autre médisaient, à qui plus déversoir,
jusqu'au temps décisif où passa le crapaud
à qui l'on proposa de jouer les arbitres ;
il les départagea tous deux en les gobant
d'un coup de langue un seul et simultanément,
un rot pour oraison
vaudrait cette leçon :
en bas, dans le tréfonds, au reflet de surface,
il faut quoi qu'il en soit que les choses se passent ;
araignée, vers de vase ou crapaud vagabond,
patauger dans la flaque est notre condition,
il revient à chacun d'accepter l'ignorance
dans laquelle nous sommes et pour toujours plongés
avant que, c'est selon, plus ou moins tendre ou rance,
nous finissions croqués, avalés ou rongés.
éternel retour (sens dessus dessous)
on a beau faire un jour et les défaire
la flaque et les amours reviennent
sur les ponts
sur les ponts
sans manière sans façons
polyglotte
La flaque baragouine le ciel, la boue couramment.
indivis
La flaque est divisible et il faudra nommer.
À tant nommer, épuisera-t-on le monde ?
fiat
Le langage goutte à goutte instille du mouvement, mot à mot du temps, dans un monde et une flaque étales, raplaplas.
journée de la flaque
L'occasion de refaire le chemin parcouru : qui se souvient du flac d'avant la flaque, désespérément mou bien qu'il fût sec et certes masculin, mais de flache.
disparition plutôt riquiqui
Donc flac signifiait mou avant qu'on transformât
son final -qu pour c-
puis qu'on lui ajoutât
qui l'on sait
-qui n'a pas droit ici à citation-
faisant ainsi d'un flou inconstant, quasi confus, un mot circoncis
plus ou moins con-
sistant, d'un qualificatif vagabond
un substantif assis,
lui adjoignant pour finir un cosmos plus un fond.
ana
Fluide et plus encore,
Liquéfiée
Au creux du chemin,
Qui accroche en surface
Un coupon grisaille, parfois bleu de Gênes,
Entoilée le jour, la nuit étoilée
fou feu folle flamme
Flaques fluides, fioles flasques, faites flancher faibles filles faciles.
fragments B
fragments (4)
Aphorismes, caractères, épigrammes, maximes... pour une classification des fragments vus comme pans d'un réel rêvé : s'acharner à faire des fragments un tout cohérent parce que précisément tout n'est que fragments et disharmonie.
fragments (5)
Fragment a) : brouillon sans avenir, bout de rien, bribe de bribe.
Fragment b) : bricolage mouvant, sans référence à l'unité originelle perdue, sans lien vers une totalité à construire.
fragments (6)
épars, disjoints, éparpillés, séparés, dispersés, détachés...
bribes, miettes, éléments, parcelles, détails, morceaux...
chercher en vain un mot ne ramenant pas au Tout, pour un mot qui lui-même en viendrait, y tendrait.
À suiVre...
J'en suis tout facada à vous lire.
RépondreSupprimer"Facada" c'est comment, ça fait du bien du mal par où que ça passe ? "Facada" connais pas...
RépondreSupprimerEt les mains qui recueillent de l'eau (coulant d'une fontaine ou d'ailleurs), ne créent-elles pas une flaque manuelle et éphémère ?
RépondreSupprimerEt ne boit-on alors pas une flaque, quand on se désaltère de cette eau ?
Flaque, source de vie, pour les animaux qui s'y abreuvent ?
Mes hommages.
Personellement je traduirais bien librement "facada", terme issu des régions septemtrionnales (j'imagine et suppute), par ''flagada'', en Ardennais (langue universelle s'il en est: en proie aux néologismes instantanés et compréhensibles sur le champ en fonction du contexte par tout converti aux mystères d'Eleusis), par "flagada": mou, incapable de quoi que ce soit, n'aspirant qu'à rejoindre un bon lit ou, mieux: "un sommeil bien îvre sur la grève", à ne faire d'autre effort qu'écouter passivement l'eau clapoter sur la berge, avec un plaisir simple et pur!
RépondreSupprimerSinon, je retiens le fragment 5, a) et b), comme ce qui dis TOUT, à propos du rien justement. Ou plutôt, du chaos à l'oeuvre, et de l'épuisant inépuisement, incapable d'entropie, mouvement de la Création.
Retrouver Perros ici, et très opportunément, n'est pas sans saveur... :)
RépondreSupprimerOn me demande, pour publier mon commentaire, de prouver d'abord que je ne suis pas un robot... :)
@ Cédric : la vie naquit un jour de la flaque ? Merci encore une fois de votre passage fort à propos.
RépondreSupprimer@ G.MAR : Merci pour votre explication de texte "chauchéien" et pour votre commentaire pertinent. Cédric et vous m'en apprenez beaucoup sur mes petits billets.
@ Jean : Perros est venu très naturellement. Merci de votre mot. La prochaine fois, qui sait, on vous demandera de prouver que vous êtes un robot !
Depuis le début, je lis, je regarde. L'autre jour voilà ce qui est sorti. C'est inachevé, je sais. C'est là.
RépondreSupprimerInachevé ? Quoi qu'il en soit rudement bien/beau votre film-montage, je le mettrais bien en message si vous le permettez (et si j'y arrive). ¡ Muchas gracias, Alfonso !
RépondreSupprimerAh oui, c'est une très bonne idée ça. Le mot qui me vient c'est ricochet. Je vais attendre le résultat avec impatience.
RépondreSupprimernota bene : en sait-on davantage sur facada ?