notes chaOtiQues claS sées (D)
Toute la création est fiction et illusion.
Pessoa
Toute l'écriture est de la cochonnerie.
Artaud
Des notes à la fois chaotiques et classées ?
L’ordre
et le désordre se définissent par opposition réciproque. Le chaos n’est
pas le désordre. Il ignore l’ordre et le désordre et les contient. Le
chaos est chaos. Chaos primordial, chaos en premier lieu -premier
dernier et unique lieu. À la fois tout et rien, éternel, indéfinissable
indicible et inconnaissable, venu de nulle part et sans fin.
Ces notes classées pourraient avoir ceci de chaotique que, complémentaires plus que contradictoires dans leur confusion, elles ne mènent à rien dont elles sont issues.
(voir billets précédents)notes, sous-notes, notules, sous-notules, etc.
Écrire ou rajouter des taches aux taches, des flaques aux flaques. Écrire et ce faisant ne rien créer*.
[...]
L'écriture : une esthétique qui doit tout au hasard**.
Billet n° 27
* Création, processus consistant à tout faire pour ne rien créer.
** Tout se fait comme ci comme ça, tout arrive au petit bonheur la
chance°, tout vient par hasard.°
°L'ancêtre du dé était un astragale¹ de mouton. Sur une de ses faces, et pour la distinguer comme celle du coup de chance (l'équivalent du 6), on
dessinait une fleur². Lorsqu'on remplacera l'astragale par un dé, le mot fleur désignera le dé. Plus tard, on appellera ainsi le jeu de dés
lui-même. Jusqu'à ce que l'on donne au mot le sens de ce qui arrive à l'aventure, n'importe où, n'importe quand et de manière imprévisible, sans réflexion sans intention, sans choix ni
règle³.
¹ On appelait jadis astragale le jeu d'osselets. Au chapitre 22 de Gargantua, Rabelais évoque les jeux auxquels se livrait son jeune héros. Parmi les 215 énumérés, quelques-uns imaginaires, le tric-trac et les osselets (parfois des astragales (ou talus) de mouton, parfois l'œuvre en bois d'artisans).
² De l'arabe zahr et az-zahr, par l'espagnol azar, d'abord fleur puis dé, puis jeu de dé ⒜, puis coup de chance, accident, aléa, on peut facilement en remonter le cours, l'étymologie du mot hasard ne coule pas de source mais remonte vers sa source, n'apparaît logique qu'après coup et à rebours ⒝.
³ Il comprit que les livres ne sont pas le miroir du monde, mais une chose de plus ajoutée* au monde.
* Soit du hasard ajouté au hasard.
⒜ ancêtre du tric-trac, tractatus, traité -Tractatus logico-philosophicus-, traitement, traiter (voir plus bas : Genèse 1.).
⒝ Qui pourrait dire aujourd'hui ce que signifiera flaque dans mille ans et dans telle région du Poitou, de la Lune ou de Mars ?
de la précarité de l'ordre...
L'intention vient toujours après coup.
...au retour du chaos
Le chaos est pur bhasard.
Naturlich (1) : où le Moi et le Sujet* apparaissent pour ce qu'ils sont, non-naturels**
* Si elle n'est pas naturelle, leur existence n'en est pas moins réelle¹. Il n'y a pas si longtemps, le travail ne pouvait être que manuel, le productif palpable.
Le naturel n'existe pas. Ne fait sens qu'à travers une lecture culturelle et sociale. Le corps lui-même n'a rien de naturel, le biologique aussi est une invention, un point de vue particulier sur le mystère.
** Naturel : strate provisoirement ultime d'artifice en deçà de laquelle la connaissance ne peut à ce jour accéder.
citations
- 1.26
- Puis Dieu dit : Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre.
- 1.27
- Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu, il créa l'homme et la femme.
- La Bible, Genèse
Le parfait artisan [Dieu] décida finalement qu’à celui à qui il ne pouvait rien donner en propre
serait
commun tout ce qui avait été le propre de chaque créature. Il
prit donc l’homme, cette œuvre à l’image indistincte, et l’ayant placé
au milieu du monde, il lui parla ainsi : Je ne t’ai donné ni place
déterminée, ni visage propre, ni don particulier, ô Adam, afin que ta
place, ton visage et tes dons, tu les veuilles, les conquières et les
possèdes par toi-même.
Pic de la Mirandole
L’homme est […] chose informe, une matière, une laide pierre qui a besoin du statuaire [qu’il est lui-même]
Friedrich Wilhelm Nietzsche
Il n’est pas plus naturel ou
pas moins conventionnel de crier dans la
colère ou d’embrasser dans l’amour que d’appeler “table”
une table. Les sentiments et les conduites passionnelles sont inventés
comme les mots. Même ceux qui, comme la paternité, paraissent inscrits
dans le corps humain, sont en réalité des institutions.
Il est impossible de superposer chez l’homme une
première couche de comportements que l’on appellerait “naturels”
et un monde culturel ou spirituel fabriqué.
Tout est fabriqué et tout est naturel chez l’homme, comme on voudra
dire, en ce sens qu’il n’est pas un mot, pas une conduite qui
ne doive quelque chose à l’être simplement biologique, et qui en
même temps ne se dérobe à la simplicité de la vie animale, ne détourne
de leur sens les conduites vitales, par une sorte d’échappement
et par un génie de l’équivoque qui pourraient
servir à définir l’homme.
Maurice
Merleau-Ponty
genèses en vrac
Genèse1.
Au commencement était la flaque et l'arbitraire*
*l'arbitraire en question relève de l'arbitrage plus que du libre-arbitre, compromis entre ce qui s'impose et la manière de le traiter** (voir aussi (a) -tric-trac), tient du hasard autant que de la nécessité.
*l'arbitraire en question relève de l'arbitrage plus que du libre-arbitre, compromis entre ce qui s'impose et la manière de le traiter** (voir aussi (a) -tric-trac), tient du hasard autant que de la nécessité.
** pour exemple, le mot flaque :
Tout
nom est onomatopée. Arbitraire autant que nécessaire en un lieu en un
temps donnés. Inéluctable et hasardeux. Le premier qui par besoin nomme
émet un son. Un son quelconque, pas n’importe quel son.
[...]
Un son que le lieu, le temps, l'expérience et la voix imposent.
[...]
Il n’était pas inscrit dans l’eau ou dans la boue, dira l'un,
la voix l'invente.
la voix l'invente.
Il sommeillait dans le creux de la flache, assure l'autre,
n'attendait que la voix pour sonner.
[flak] billet n° 2
Genèse 2.
Au commencement* est le Boniment
Genèse 3. (Genèse et écriture)
...griffonner arrière-fond en une page papier bible, une petite page sur quelque 1600 pour gribouiller cadre et vie annexe (végétale et animale)...
Genèse 4. (Genèse et rhétorique)
...l'homme enfin à son image* et à sa ressemblance**, métaphore déclinée sur 1600 pages moins une.
* L'image peut se définir comme "une certaine structuration de l'ensemble comparaison-métaphore-métonymie." (Dictionnaire de rhétorique Molinié). L'image représente la chose (Ceci n'est pas une pipe).
** Ressemblance en rhétorique se dit similitude. "La métaphore est une similitude dirigée." (id°).
Dans la similitude l'image est comparée à la chose, dans la métaphore elle est mise pour la chose elle-même.
Genèse 5. (Genèse et péché)
péché originel : de la conscience de soi à la connaissance de soi*.
* de la bouche au trou du cul, la créature est ce passage ouvert au souffle, aux courants d'air qui sont à la fois du monde les messagers, les rumeurs, et le monde lui-même, créature à chaque instant monde et conscience du monde ; vouée au vent : son paradis et son éternité.
Cette existence qui la traverse, légèrement la suggère sans la séparer, la créature bientôt veut se l'approprier, passer de lieu réel de passage à lieu fictif de création, avec le vent faire des mots, leur donner un sens, s'extraire du monde et à distance juger, se connaître soi-même, devenir moi, plus tard sujet ; fini l'aérien, adieu légèreté : désormais lourd patatras.
rêve ou réalité ?
rêve ou réalité ?
Ivresse et peur mêlées dans la chute.
Genèse 6. (Genèse et chute)
de la pomme de Paradis à la pomme de terre
Genèse 7. (Genèse et temps)
de l'éternité à la yoctoseconde (10 -²⁴ seconde)...
...de la yoctoseconde au temps de Planck (10 -⁴⁴ seconde)...
Genèse 8. (Genèse et histoire)
chute et progression :
a) du paradis au corps
b) du corps au corps social
c) du corps social au Moi
d) du Moi au Sujet...
e) ...suite au prochain billet...
Genèse 9. (boucler la boucle)
Au commencement était la flaque et l'arbitraire.
¹ La flaque, ciel et terre mélangés, paradis et boue tout en un.
₂ Flaques multiples, reflets d'un ciel chu morcelé. Sous le petit ciel de la flaque, la boue. Au-delà des cieux, la boue. Les deux ciels se répondent, mutuellement se reflètent, symétrie assurée : pendant de son pan dans la flaque, le ciel est la surface d'une flaque démesurée et nos illusions dessus rament, inoxydables galères, araignées d'eau égarées.
₂ Flaques multiples, reflets d'un ciel chu morcelé. Sous le petit ciel de la flaque, la boue. Au-delà des cieux, la boue. Les deux ciels se répondent, mutuellement se reflètent, symétrie assurée : pendant de son pan dans la flaque, le ciel est la surface d'une flaque démesurée et nos illusions dessus rament, inoxydables galères, araignées d'eau égarées.
Des nouvelles de la métaphysique : si l'on a toujours craint que le ciel nous tombe sur la tête, c'est pour la masse considérable de boue, là-haut, derrière, au-dessus. Les pieds dans la flaque et la tête au ciel ? Le ciel est une flaque : dans le fond, le tréfonds, l'arrière-fond, sur la terre comme au ciel la boue et patauger gaîment dedans.
bulletin métaphysique
Le fond de l'air est boue. bulletin métaphysique
La flaque, lieu du Boniment.
Au commencement le Boniment...
...viendrait le difficile Art de se taire
À suiVre...
J'adore et en plus j'apprends des choses (étymo du mot hasard,...).
RépondreSupprimerDébutant dans l'Art de ne pas me taire, et retombant donc souvent dans ma propension naturelle/non-naturelle à garder le silence, voici deux images qui empêcheront à trop de mots de s'échapper de mes doigts et ainsi cloront mon intervention :
Hasard et flaque et flaque et hasard.
Le message n'a pas l'air d'être passé, je m'y colle donc derechef :
SupprimerJe ne suis pas ici pour vous distraire, mais pour instruire.
Maintenant, s'il y en a que ça amuse de rire, je peux aussi distraire...
Je peux instruire en "distraisant"... treize ans et demi maximum...
Après je prends ma retraite.
Boby Lapointe
Merci Cédric pour votre contribution, je garde ces belles photos sous le coude.
(Quant à l'Art de se taire, il est aussi celui de bien parler, à bon escient.)
Le chaos, tentative d'ordonnément (ou tentative de classement, je sais pas encore)
RépondreSupprimerLà, c'est autre chose.
Portez-vous bien.
NB : Le boniment, l'Art de se taire, boucler la boucle. J'y suis.
Décidément, Alfonso, vous me gâtez, je songe à quelque chose comme une série, nourrie par vos productions.
SupprimerPour ce qui est de l'Art de se taire, je ne peux que répéter ce que j'ai dit à Cédric en ajoutant ceci :
l'Art de se taire est aussi celui de répéter ce qui mérite de l'être.