Toute la création est fiction et illusion.
Pessoa
Toute l'écriture est de la cochonnerie.Artaud
notes chaOtiQues claS sées (D)
Des notes à la fois chaotiques et classées ?
L’ordre
et le désordre se définissent par opposition réciproque. Le chaos n’est
pas le désordre. Il ignore l’ordre et le désordre et les contient. Le
chaos est chaos. Chaos primordial, chaos en premier lieu -premier
dernier et unique lieu. À la fois tout et rien, éternel, indéfinissable
indicible et inconnaissable, venu de nulle part et sans fin.
Ces notes classées pourraient avoir ceci de chaotique que, complémentaires plus que contradictoires dans leur confusion, elles ne mènent à rien dont elles sont issues.
(voir billets précédents)
iNtErMède
On peut discuter l'existence des dieux, un peu de pluie sur un sol cahoteux fait incontestablement flaque.
Donc la voilà. Voilà le pan
de ciel, l'eau trouble, voilà la boue. À même la terre du
chemin, sur le bitume ou dans la neige, elle fait saillie. On peut discuter l'existence d'une main, la flaque dans le paysage fait tache.
Variations de la forme, du reflet, du relief, nuances de la lumière, de la couleur, surface d'huile ou frisson, profond mystère, clarté légère, tout est à chaque
instant riche et neuf dans la tache
qui n'est, qui ne sera jamais qu'une petite flaque...
...flaque d'encre noire tout sauf monochrome, noir lumineux changeant, toutes les couleurs et à la fois aucune, opaque et translucide autant, la tache vient
dessiner un paysage de neige, rendre le blanc plus blanc,
obscurcir les ténèbres ; sans la tache, rien ni la feuille immaculée n'existe...
...moucheture,
tacheture, tiqueture, salissure, souillure, pâté, biffure, rature,
tavelure, auréole, macule, éclaboussure...
des synonymes en-veux-tu-en-voilà, manières de, sortes ou variétés, pour qu'en allant de l'un à l'autre, de l'autre à l'une, elle se
démultiplie, qu'ainsi fragmentée la tache perde en force, en intensité, se dilue...
...alors les correcteurs liquides, liquidateurs dont l'arme est le stylo, le pinceau, le tampon, Tipp-ex, tous genres de blancos purificateurs, Liquid paper, divers rubans plus ou moins à la gomme, gomme de vinyle ou de caoutchouc efficaces plus ou moins, gomme mie de pain, implacables effaceurs et finir la besogne, ôter face et surface, aspect, visage, corps entier, liquider soit faire disparaître, détacher, sale besogne, effacer, éliminer la tache et l'ombre...
...et retrouver virginité, pureté sans tache et sans hasard d'un monde imaginaire comme un cauchemar : le kitch est la négation de la tache.
La tache ne veut rien dire ? La transformer en signe sensé. Écriture propre, bien alignée ; ne devoir rien au hasard, et pour la salissure le buvard.
Oublier qu'on est là rien que pour cochonner.
Les signes et les caractères, ni plus ni moins des variétés de taches reproductibles à l'identique.
Chassez la tache, elle revient au stylo gribouilleur.
Des deux manières de cochonner :
a. maîtriser la matière ou croire qu'on peut le faire en lui imposant une prétendue volonté,
b. accompagner le mouvement d'icelle, fluidité de la forme et du sens, plutôt maladresse que virtuosité, bricoler.
La tache ne veut rien dire.
L'écriture s'attache à signifier ? Elle est d'abord calligraphie. Le sens est un dessin comme un autre, un geste, mouvement dans le mouvement.
L'écriture : une esthétique qui doit tout au hasard.
Écrire ou rajouter des taches aux taches, des flaques aux flaques. Écrire et ce faisant ne rien créer. On peut discuter l'inexistence du sens, l'inexistence même de la création, celle de l'écrivain est indubitable.
Une tache pixelisée est-elle encore une tache ?
RépondreSupprimerL'écrivain existe, je l'écris !
L'écrivain certes existe, mais en tant que scripteur, élément d'une chaîne de hasard. Il n'existe pas comme sujet créateur dont l'intention maîtriserait un processus.
RépondreSupprimerToute écriture, écriture automatique...
SupprimerÉcrivain : transcripteur des évènements intérieurs.
Il me semble voir la même chose que vous : nous ne sommes qu'un tuyau.
Je dirais plutôt que l'intention existe, chez l'écrivain et chez l'artiste en général, mais qu'elle n'a pas la place prépondérante qu'on lui accorde, bien au contraire.
RépondreSupprimerLouis
Ecrire me fait rire.
RépondreSupprimerBien à vous.
Philippe Chauché